mardi 22 novembre 2016

India Part 1: Gangotri

Comment une blessure telle la rupture du LCA a pu devenir une des meilleures choses qui me soient arrivées ?
Une attitude positive, curieuse de comprendre quel message mon corps essaie de me transmettre. J'ai passé plusieurs mois à suivre le processus de cicatrisation de mon ligament, en y investissant toute mon énergie, en m'instruisant de lectures sur le puissance du mental, la méditation, la psychosomatique, et divers autres thérapies naturelles. En expérimentant, en essayant de mettre en pratique, je suis arrivée à la fin de l'été à refaire mes premiers pas en highline (soit à 5 mois et demi de l'accident). N'ayant pas tant d'attentes, j'avais déjà pris mon billet d'avion pour passer deux mois en Inde, afin de poursuivre ce travail personnel et finir la rééducation à travers la pratique du yoga, de la méditation et de treks en Himalaya. Pas d'exploit, de performance quelconque, mais au contraire, apprendre à prendre le temps, à écouter le corps qui se renforce petit à petit, à être receptif aux messages et à l'énergie de la nature, d'une autre culture, de la puissance d'un endroit, et en particulier des montagnes.

Je rejoins Claire à Rishikesh, avec qui on a décidé de partager cette expérience ensemble. 


Elle a passé deux semaines dans un ashram pour pratiquer le yoga, mais mon genou n'est pas encore assez rétabli pour lui imposer toutes ces postures, et j'ai déjà du mal avec la chaleur et l'humidité.


Notre idée principale de destination est de remonter du Sud au Nord la vallée du Kinnaur et du Spiti, mais on se rend compte que Rishikesh n'est pas loin de la source du Gange qui la traverse.


On improvise alors un petit périple autour de Gangotri, qui sera le dernier village au bout de la route, et le point de départ de nombreux treks.

Un lieu plus développé par le tourisme Indien, qui vient en pèlerinage spirituel au pied du glacier, d'où le Gange prend sa source.


On repère des photos de montagnes justes incroyables dans la guest house où nous restons, et nous sympathisons rapidement avec un guide Gopi, qui nous donnera quelques infos intéressantes, juste assez pour nous motiver à prendre nos matelas et sacs de couchage, et partir à l'aventure pour en prendre pleins de yeux. A défaut de pouvoir grimper, skier, slacker ou profiter de la montagne intensément avec l'adrénaline de ces pratiques, j'ai la sensations que la contemplation d'imposantes montagnes peut me remplir d'énergie d'une nouvelle manière.


Le sentier est apparemment très parcouru et évident jusqu'à Gaumukh, mais on nous conseille d'être accompagnées d'un guide pour traverser le glacier et rejoindre Tapovan qui est notre objectif.
25 kilomètres et 1500 mètres de dénivelés nous attendent et ce sera une bonne prise de repères sur nos capacités, mais on préfère forcément être autonomes et voir jusqu'où nous pourrons aller, quitte à faire demi tour si c'est trop risqué.

Mes premiers pas face aux montagnes Himalayennes resterons à jamais gravées. Après quelques sommets qui font timidement leur apparition à travers les nuages, c'est la chaîne de Bagirathi qui s'impose en face de nous et dont on s'approche doucement.




Passées Gaumukh, où s'arrêtent la majorité des trekkeurs, on continue en suivant de loin un sherpa qui s'aventure sur le glacier. Comme il n'y a qu'un chemin, on sait forcément qu'il se rend à Tapovan. Mais rapidement, le chemin sur le glacier n'est pas du tout visible, on se retrouve au milieu des crevasses, un peu perdues dans l'immensité d'un tas de cailloux reposant sur la glace. Le porteur qui est Népalais et avec qui on a du mal à communiquer puisqu'il ne parle pas Anglais, moyennera finalement la moitié de notre budget qu'on a en poche pour nous guider jusqu'à l'autre côté du glacier.
On arrive à Tapovan, un plateau idyllique situé juste au pied du Shivling, sommet majestueux qui se cache encore dans les nuages.


On nous avait indiqué qu'il était possible de dormir et manger avec un saddhu qui vit sur place. Il ne parle pas, ce qui fait partie de ses principes de retraite, mais demande 600 roupies par personnes pour le repas du soir, le petit-déjeûner et la nuitée. Nous avons 500 pour deux et sommes prêtes à dormir dehors et ne pas manger, mais nous cherchons au moins du thé pour nous hydrater et nous réchauffer car nous sommes à 4500 mètres d'altitude, et les 9 heures de marche nous ont un peu fatiguées quand même !


On se fait accueillir par un groupe qui a monté son propre campement. Sumeet le guide, deux porteurs Népalais, un cuisinier anciennement alpiniste nommé Chandar, qui accompagnent Boris, un Autrichien vivant en Jordanie avec sa copine Indienne. Ils sont tous plus chaleureux les uns que les autres et nous invitent avec eux. On aura droit au thé et à un délicieux repas avant de nous réfugier dans notre maison abandonnée qui nous servira d'abri pour la nuit.


Le lever du jour est magique. Les premiers rayons du soleil se faufilent devant les faces imposantes du Bagirathi pour éclairer le Shivling et nous plonger dans une puissante méditation. 



Puis on apprécie quand il arrive finalement sur notre campement pour réchauffer l'atmosphère et prendre un petit-déjeuner de luxe avant de prendre le chemin du retour.


On fait une partie de la descente avec notre équipe d'adoption, en les aidant à porter du matériel car un des porteurs est fiévreux.



Claire n'est pas en grande forme physique, bien handicapée par une poussée d'eczéma sur les jambes qui est très douloureuse et l'empêche de marcher correctement. La descente sera longue et éprouvante.


Quand on leur dit au revoir pour rejoindre Gangotri alors qu'ils font la descente en deux étapes, j'ai un fort sentiment de nostalgie face à l'intensité de ces premières rencontres, face à la gentillesse et la simplicité de ces personnalités, face à leur générosité et leur accueil.
J'ai les larmes aux yeux de penser à quel point je suis chanceuse d'avoir vécu un tel moment dans un tel endroit.



On se rendra directement le lendemain dans des sources d'eau chaude pour profiter d'un jour de repos bien mérité. Encore un moment riche culturellement, au milieu des Indiennes qui viennent quotidiennement dans ce bain au milieu du village de Gangnani. 


Mais l'eau est tellement chaude qu'il faut prendre beaucoup sur soi pour supporter et ne pas avoir la sensation de brûlure. Une nouvelle expérience qui m'aura encore rempli d'émotion... ! Une bonne pause avant de prendre la route en direction du Kinnaur, avec une étape à Uttarkashi, où nous apprécions encore de bons moments à simplement boire le thé et discuter avec de belles personnes qui dégagent quelque chose d'indescriptible, mais une énergie, une authenticité qui touche encore le plus profond de nous-même...



samedi 2 avril 2016

Un hiver court mais intense !

Tout commence par un scénario digne des films dramatiques sur l'écologie, avec les pistes enneigés par les canons à neige, entourées d'herbe et de cailloux. Pas d'échappatoire jusqu'à début Janvier pour sortir des pistes et commencer à rider comme on l'aime...

Là on est bons 

Puis les chutes de neige nous gâtent enfin et c'est la gavade à la maison, Chamonix puis Verbier où je pars sur la première étape FWQ 3* pour se mettre en jambes. Retrouvailles avec les Suissons chez Mike, bienvenue dans la maison du bonheur !
Malheureusement le jour J,  c'est le brouillard qui contraint l'organisation à annuler l'étape.



La semaine suivante avait normalement lieu la première 4* de la saison à La Clusaz mais la station annule tous les événements freeride prévus cette semaine là...



L'occasion de profiter encore des pures conditions aux Arcs, et de découvrir d'autres stations voisines de la vallée. Petit tour à la Rosière avec pause pizza en Italie à la Thuile, une journée de dingue à Val d'Isère guidée par hasard par l'ami Léo Taillefer et son frère Romain.



L'étape d'Hochfügen tant attendue fin Janvier suit la loi des séries: les montagnes Autrichiennes n'ont pas ramassé les mêmes quantités de neige que nous, et une nouvelle compétition se voit annulée...



La première sera donc aux Arcs à la maison !!! La neige est là et le beau temps aussi, des conditions exceptionnelles qui rendront un bilan plutôt positif malgré une organisation qui aura fait beaucoup parlé... J'essaye d'assurer un run pour me faire plaisir sans grosse prise de risque, et prends finalement la 4ème place.



La neige continue de tomber en masse et les dénivelés négatifs s'accumulent dans les cuisses, pour faire monter la jauge plaisir à son maximum !!!

Quand je prends l'avion pour l'étape de Sogndal en Norvège, à la maison , c'est le Canada :)



Mais j'adore ce pays et la découverte d'une nouvelle région dans les Fjords ne peut que m'exciter.
Nous atterrissons à Bergen avec l'ami photographe Nils Louna, qui médiatisera le périple de ses trois drôles de dames, accompagné des deux Anneciennes Laure et Tiffany.



Petite visite de Bergen en arrivant, 4h de route direction Nord-est en passant par des cols glacés et nous arrivons dans la région de Norvège qui prend le plus de neige. Un local m'apprendra plus tard que certaines saisons, ils ne voient le soleil qu'une dizaine de jours !!!



On trouve sans trop de difficultés Harvard, notre hôte qui nous accueille dans sa ferme à 5 km de Sogndal, avec vue sur le fjord, dans un cadre bien calme et authentique.





Notre première journée de rando sera la plus belle: beau temps belle neige du côté de Fjaerland. Quelques 1000 mètres de dénivelés sont récompensés par une vue incroyable depuis le bout d'un Fjord et un panorama sauvage et mystique.



Le deuxième jour est couvert et glacial mais nous prenons l'option de découvrir le sommet au dessus de la maison. Une éclaircie arrivés en haut nous offre un nouveau spectacle à 360°, avec des contrastes et perspectives magiques.



Et c'est l'heure du premier meeting qui promet pour le coup une organisation aux petits oignons. L'étape 4* fait partie d'un gros festival de sports outdoor le Fjellsportfestivalen, et tout le village est à la fête. On assiste à notre arrivée à un concours de chorégraphie en ski de fond, il y a des ateliers ski de rando, du yoga, une compétition de backcountry, d'escalade, et de multiples autres activités sportives et parfois déjantées.



Je tire le dossard 24 et nous nous levons une première fois à 6h pour la reconnaissance. Après 15min de scooter, le staff nous dépose sur un lac au beau milieu de nulle part, avec un cirque magnifique et la face qui s'impose devant nous, majestueuse et en conditions parfaites aux lueurs du crépuscule.
Le staff ne nous autorise pas à randonner dans ce cirque pour des questions de responsabilités, alors nous prenons le temps de repérer tranquillement, en essayant de ne pas se laisser envahir par les -30° ressentis.





La ligne que je choisis me donne tellement envie de rider cette face! Tout s'annonce pour le mieux...
Mais le lendemain qui était annoncé grand beau, est finalement couvert, et le jour blanc ne permettra pas d'assurer le déroulement de la compétition en sécurité.



Deux Snowboardeurs s'élancent, le premier s'ouvre le menton sur une réception de barre et le 2ème se perd. "Cette face est raide et complètement à l'aveugle, il n'y a pas de points de repères hormis le relief neigeux et en jour blanc il est impossible d'estimer le moment de l'atterrissage...".



Après tous les moyens et efforts employés pour demander l'avis des riders, garder patience et optimisme, le staff finit par prendre la décision d'annuler.



La gestion de ce dénouement et l'implication des organisateurs ont malgré tout, laissé un sentiment agréable, des souvenirs mémorables et l'envie de revenir à tous les riders, ce qui témoigne d'un bel investissement et échange humain, d'une considération dont nous n'avions plus l'habitude :)



On terminera le périple par une journée mémorable de ride sur la station avec des lignes de pillows incroyables, de la forêt faisant penser au Japon, de la neige par dessus les oreilles et le sourire scotché, avec un brin de nostalgie pour le retour :)



Le programme des 10 jours suivants sera l'enseignement !! Et oui parfois remettre la médaille ça a du bon... Drop In ;)




Surtout quand la semaine se termine en décalé et qu'on se retrouve à plusieurs mono indépendants avec des conditions démentes et le domaine à nous !!!




Une journée à Ste Foy et toutes les autres à la maison, pour de la ride d'exception... Je n'ai pas manqué une seule journée peu importe la météo, j'étais dans une forme olympique physiquement et je me blesse sur la réception d'une barre la veille de partir à Nendaz... Trop d'euphorie et d'intensité dans ce que je vivais, c'était juste incroyable !

La saison se termine alors brutalement avec une rupture du ligaments croisé. Il est temps de prendre le temps, et que cette blessure soit riche d'enseignements !



Et maintenant place au Winter Festislack, la quatrième édition du rassemblement de Highline aux Arcs organisé par Slack'icîmes !!!