Après deux jours complets dans les
transports à enchaîner les heures de bus, les pauses déjeuner dans
les dhabas, les attentes parfois bien glauques dans les gares
routières, on arrive à Reckong Peo, capitale du district du
Kinnaur, dans l'état d'Himachal Pradesh.
On s'évade rapidement à Kalpa, un
petit village surplombant la vallée, face au célèbre sommet du
Kinner Kailash, pour notre première étape.
On est vite plongées
dans la culture du Kinnaur, son architecture traditionnelle, la
cohabitation du Bouddhisme et de l'Hindouïsme, l'exploitation des
pommes qui représente une des principales activités de la région,
le tout dans un décor grandiose.
Après quelques jours de repos pour
être à nouveau pleines d'energie, nous voilà prêtes à improviser
de nouvelles randos pour découvrir cette vallée. Notre idée étant
de remonter jusqu'au Spiti en faisant des escales régulières, on
décide de nous arrêter à Spello. Rakesh Kumar, un habitant de
Kalpa qui est devenu notre ami a contacté une connaissance en nous
entendant parler de treks, pour nous donner des conseils.
Comme
toujours, on fuit tout ce qui est « organisé » pour
faire à notre sauce mais la coîncidence qui nous arrive est plus
qu'étrange : on monte dans le bus bien chargé et trouve une
petite place. On commence à discuter avec nos voisins, et se
présente Nav, qui nous demande si nous sommes les deux françaises
qui veulent randonner dans la région dont il a entendu parler. Là
on hallucine, sachant qu'en plus, il a prévu de s'arrêter au même
endroit que nous, un minuscule village pas du tout touristique ou peu
de gens font escale... On boit un thé et c'est naturellement qu'il
nous invite chez lui, dans sa maison de famille à Kanam, à une
petite heure de marche.
Puis tout s'enchaîne : je voulais
à tout prix rencontrer des moines ou autre guérisseur pour
approfondir nos épisodes d'eczéma, et Nav nous parle d'un ami
d'enfance qui a résolu de nombreuses situations par des méthodes
plus spirituelles que médicales. L'occasion est là : on
profite d'une visite privilégiée en totale immersion culturelle,
avant de reprendre le bus en sens inverse pour retrouver Reckong Peo,
cette fois hebergées chez Nav avec sa femme et sa petite fille pour
suivre pendant une semaine un traitement avec ce moine.
Malgré cette
décision, tous nos efforts et le temps dédié à prendre soin de
nous, la jambe de Claire est infectée gravement et nous n'échappons
pas à la case hopital et traitements antibiotiques en urgence pour
éviter la septicémie qui était toute proche...
Bref, une mésaventure qui nous aura
permis tout de même de nous sentir moins « touristes de
passage », avec des petites habitudes de quartiers, et on
arrive à mener quelques actions : ramassage de déchets autour
de chez Nav, et une initiation slackline à l'école de sa petite
fille. Un échange toujours enrichissant et qui change de
l'ordinaire. C'est dingue ce que cette petite sangle peut apporter et
révéler humainement...
Puis viens l'heure de continuer notre
route ! Nous sommes tristes de laisser cette belle famille qui
nous a si bien accueillie mais trop curieuses et contentes de
continuer notre périple, direction Nako.
Une petite oasis perchée dans les
montagnes, un tout petit village authentique au bord d'un lac,
surplombant les montagnes désertiques à la frontière entre le
Kinnaur et le Spiti.
On profite de ce lieu paisible en
vivant plusieurs jours au rythme de nos méditations, yoga,
rencontres et petites promenades dans les alentours. L'energie de ce
lieu est vraiment particulière, ressourcante et puissante. On part
pour un petit trek sur deux jours qui nous amène tout proche de la
frontière avec le tibet, où nous passons la nuit dans un monastère
au sein un village fantôme, accueillies par deux moines d'une
quinzaine d'années, les seuls habitants et gardiens du lieu.
Des
paysages grandioses dans une ambiance quelque peu étrange, mais
définitivement une région qui donne envie d'être plus explorée
tant que le tourisme reste si peu développé.