lundi 24 août 2015

Aventures Cévennoles

"Les Mous de la Sangle" (une des premières association de slackline en France), c'est quand même avec eux qu'on a vraiment commencé la slack, alors c'est toute une histoire...
Pendant deux ans on s'y est rendus au printemps pour s'inspirer de la dynamique de groupe, puis on les trouvait un peu mous quand même...



Mais ce printemps au Festislack, on rencontre une nouvelle génération de "Mous", vachement moins mous! Alors c'est décidé, cet été je remets ça ;)

Mat est dispo et trop motivé, ce sera le point de départ. Deux jours avant mon covoiturage, Kayla post la tête d'affiche d'un festival dans les Cévennes à Mat, et ce sera le début de 10 jours ensemble. Kayla nous invite dans sa jolie maison perchée dans un hameau isolé sur les hauteurs du Vigan, une parenthèse de quiétude et de bonheur.




Le duo de choc qui m'aura vendu du rêve, chaleureusement accueilli et fait tellement rigoler pendant ce périple, le voilà.


Premier week-end aux Transes Cévennoles, un festival dans un petit village des Cévennes à Sumène, avec arts de rue, spectacles et concerts pendant deux jours dans une ambiance conviviale et décontractée. On se retrouve étrangement une vingtaine de slackeurs le samedi soir pour un petit rassemblement improvisé, car l'équipe des "Lignes Gouffres" menée par le grand, célèbre et inssassiable Guillaume Barrande, est dans le coin...



Comme on est vraiment au top ici, on fait le choix de rouler un minimum pour profiter des spots du coin.


Deux jours de waterline en amont des cascades de laVis pour se mettre au "Mou". J'ai tellement adoré les sensations lors de mon initiation par Lets à l'Aiguillete d'Argentière, que je veux faire partager cette découverte. Et Mat apprécie aussi alors vendu ! Et le premier "vrai" Mou de la sangle est né ;)

On va installer la 50 mètres au Thaurac, juste au-dessus de la grotte des demoiselles, accompagnés par Guillaume le local, qui trouve toujours 30 minutes dans son emploi du temps bien rempli, pour nous guider et nous faciliter l'installation, trop sympa.

Le premier jour c'est tempête de vent, pas évident. Laure et Faleg nous rejoignent et s'initient à la "tension à la main". Laure en bonne acharnée m'aura vendu du rêve, avec des magnifiques leashfalls, mais au moins ça rentre !



Mat aura fait des jolis pas, Kayla se sera levée plusieurs fois, et moi j'ai trop pris de plaisir sur cette ligne, n'ayant jamais eu des sensations aussi intenses de calme intérieure. La révélation...




Petit passage au spot de waterline de la libellule juste à côté de chez Laure et Faleg, où on n'installera que la 30 mètres, déjà bien entamés physiquement par la session highline. Un peu de grimpe, deep water, musique avec les copains, on est trop bien...





L'étape suivante se fera chez Kayla. Un week-end en forêt au "Jungle spot", avec Greg, Alice, Antho et Guillaume qui nous rejoint pour illuminer le spot de nuit.



Une 25 mètres, une 40 et 50 installées, il y en a pour tous les goûts, on est au top, en petit comité.
Le soir l'ambiance est mystique. On ne voit que les points d'ancrages et on évolue dans le noir. Les sensations sont démentes.









Et puis le périple se terminera avec la 70 mètres de Montdardier "Mon dard à la reine".
Cette ligne me faisait rêver depuis longtemps et pour cause, le spot est magnifique. Au cœur des Cévennes, sur une crête dominant des étendues de verdures à perte de vue.
Guillaume sera encore une fois notre guide et Mimi nous rejoint pour l'occasion.






Le soleil tape fort et il n'y a pas un coin d'ombre aux abords de la ligne. Le vent s'en mêle une fois de plus pour ne pas faciliter les essais mais les sensations sont encore terribles.
Laure nous rejoint le 2ème jour pour compléter la Dream Team.




Que de bonnes ondes entre tous ces gens que j'apprécie tellement... Une énergie qui me rend heureuse, simplement. Heureuse d'avoir ces amis, de partager ma passion et ces moments avec eux, et de découvrir des petits coins de paradis, sans aller à l'autre bout du monde...


Merci à tous :) Et chez moi c'est joli aussi alors vous êtes les bienvenus quand vous voulez ...

jeudi 23 juillet 2015

Grépon-Mer de Glace 1-2-3/07/15



Le temps est au beau fixe, ça change de l'été dernier ! Et tous les projets en attente s'enchaînent, le repos est oublié et le projet du Grépon en tête depuis un moment se précise...


Hugues et Chinois sont dispo, on peut faire deux cordées! Mais le but à Bionassay hante Hugues qui veut absolument terminer cette course. Alors ce sera sans eux :( On réfléchit longuement, sachant que le départ en Corse pour Rom approche et que ce sera sûrement la dernière course en montagne. Mais on ne veut pas refaire cette approche interminable jusqu'aux Conscrits, et la chaleur actuelle donne plus envie de grimper du rocher que de batifoler dans la neige...


On prépare les sacs pour bivouaquer deux soirs (au pied et au sommet du Grépon), et installer la highline déjà ouverte au sommet. Malgré tous les efforts possibles, les sacs sont quand même bien lourds!
On prend le train du Montenvers à 16h avec 36 degrés et les grosses chaussures de glacier, un beau paradoxe!

Rapidement (ouf) on abandonne les wagons de touristes, descend les échelles pour prendre pied sur la mer de glace. Enfin là on dirait plutôt un désert de cailloux, ça fait flipper à quel point ça fond et le glacier recule, mais bon... On a quand même un peu de frais et c'est bien agréable. On arrive aux énormes flèches rouges et jaunes qui indiquent le refuge de l'Envers des aiguilles et on regrimpe aux échelles; Là, je me pose un peu des questions sur ma capacité à grimper 850m avec ce sac énorme sur le dos qui me tire en arrière... Mais je n'y pense pas trop, c'est angoissant, de toute façon je n'ai même pas regardé le topo et je suis mon namoureux...!


On trouve un beau bivouac sur une grande dalle dans un pierrier juste sous la face qu'on grimpera le lendemain: le pied! Vue sur l'Aiguille Verte, les Drus, la Mer de Glace, les Périades, les Grandes Jorasses... Magique :) Un bon repas pour vider un max de poids des sacs (mais pas trop pour manger quand même le lendemain!), petite séance de Yoga, et on s'installe confortablement pour regarder les montagnes rougir sous le soleil qui se couche lentement, laissant place à la lune bien ronde.


Réveil à 4h, petit dej rapide et on refait les sacs pour partir à 5h. On a fait le choix de ne pas partir de nuit, comme on dort au sommet, nous ne sommes pas trop pressés, et rapidement on éteint les frontales.
On monte sur le glacier, passe la rimaye bien raide mais facilement franchissable, et on arrive au départ de la voie. Un grand pas pour passer de la neige au rocher et c'est parti!


De la grimpe facile et agréable, un cheminement évident et les premiers rayons de soleil apparaissent... Qu'il est bon d'être là! On se retrouve souvent sur de bonnes vires et on avance bien, c'est magnifique. On s'élève lentement, et le sommet semble se rapprocher bien lentement aussi :)

L'itinéraire se corse un peu, on est censés faire un rappel au sommet d'un éperon, mais apparemment nous sommes déjà plus haut que ce que le topo indique. Mais pas les premiers! De nombreuses sangles sur un bloc témoigne que d'autres cordées ont emprunté ce rappel, et la suite semble facile pour retrouver la voie.

Nous avons chacun une bouteille d'un litre et trouvons de temps en temps un ruisseau pour la remplir et se réhydrater, mais j'avoue que même après avoir bu jusqu'à plus soif, j'ai la sensation d'être déshydratée... Mais encore une fois je n'y pense pas trop, je contemple, j'apprécie d'être là, j'assure, parfois je ferme les yeux et m'assoupis en restant concentrée sur la corde que je tiens dans les mains et dont je suis la tension. Lorsqu'il me reste 10 mètres de mou, j'enlève le système d'assurage, me prépare et suis Romain en corde tendue.


De temps en temps on regarde le topo. Une fois Rom me dit que ça fait un moment qu'il ne suit plus trop le topo mais son instinct... Et ça grimpe de plus en plus. Rom passe devant une sangle de réchap et arrive à un col infranchissable: "Arrête de monter, je fais un rappel ce n'est pas là". On redescend jusqu'à une vire et on part vers une fissure qui a l'air sympa. Une longueur magnifique mais la difficulté est maintenant un cran au-dessus.
Avec les centaines de mètres déjà grimpés, et le fait de savoir que nous ne sommes pas dans la voie qui me tend un peu, je commence à bien sentir la fatigue.


J'ai besoin de faire une pause, manger une pâte d'amande, souffler sans être concentré dans l'action 5 minutes... Les longueurs dans lesquelles nous progressons sont plus soutenues que le 3 ou 4 prévu dans le topo et j'y laisse pas mal d'énergie avec mon sac de 10 kilos.

Rom est une vraie machine, pas une seconde à perdre, il avance toujours, en cherchant l'itinéraire, sur-motivé, excité par cette ascension. J'ai l'impression qu'il n'a jamais faim, soif ou peur, toujours la patate, le sourire, la petite blague, et la même devise du début à la fin: "On a jamais été aussi proche du sommet!". Son énergie débordante me fait tenir et avancer.

Au bout d'un bon moment, et maintenant qu'on a pris beaucoup de hauteur, on retrouve la voie. Une grande vire horizontale nous amène en face de l'Aiguille du Roc, vertigineuse et majestueuse. Il nous reste environ 100 mètres à grimper. Physiquement, je suis fracassée. J'ai les épaules broyées par le sac, les abdos déjà courbaturés par le poids que j'ai sur le dos et qui me tire en arrière. J'ai la peau des mains poncée par le rocher abrasif et ça commence à pas être très agréable. Je supporte plus trop les chaussons non plus. Et le sommet est tout proche. Mes doutes sur ma capacité à atteindre le sommet s'estompent quelque peu et j'ai comme un soulagement intérieur. Paradoxalement, je sais que les deux longueurs les plus dures sont les dernières. Mais c'est beau tout autour et j'apprécie mon ventre qui se dénoue, la tension qui s'atténue.


"Plus qu'une cheminée en 4 et deux longueurs en 5 sup!". Trop cool, j'aime bien les cheminées, en 4 je reprends confiance, avant de tout donner pour les deux dernières et arriver au summit!
Oui mais: la cheminée avec un sac énorme c'est pas évident! t'as envie de rentrer dedans mais ce truc dans le dos s'accroche partout et du coup la technique classique devient impossible à utiliser... Ce sera le 4 le plus dur de toute ma vie. Craquage physique, je suis au bout de mes forces... Et psychologique, des larmes coulent sur mes joues. Je suis là à trois longueurs du sommet, moins de 100 mètres sur 850 alors je ne peux qu'avancer. Le vide, le gaz, est maintenant bien là et ma peur aussi. Rom me prend sec autant qu'il peut pour m'aider. Je suis plus qu'épuisée.

Les deux dernières longueurs seront un calvaire psychologique. Je n'ai jamais ressenti un tel épuisement nerveux. Finalement en terme de difficultés pures, elles n'étaient pas homogènes sur la longueur, mais marquées par des pas de bloc, que j'ai pu passer en tirant sur des sangles, et avec l'aide de Rom qui me hissait.


Le sommet! La vierge du Grépon, le coucher de soleil à l'horizon alors que toute la vallée est dans l'ombre depuis longtemps, la pleine lune qui se lève sur les Grandes Jorasses, 1000 mètres à droite, 600 à gauche...


Des larmes coulent encore... Le spectacle est juste incroyable, dans un silence apaisant. La sensation d'être seuls au sommet. A l'intérieur de moi-même c'est un mélange étrange. Une fatigue intense générale, de la joie, du bonheur, et cette peur du vide qui me broie les intestins. Je suis assise sur cette dalle suspendue, mon sac toujours sur le dos mais qui me sert maintenant de dossier, les jambes coupées en regardant Romain se détacher et se promener d'un côté à l'autre du sommet, pour se prendre en photo avec la vierge et préparer le prochain rappel. Il est 2Oh.


On rejoint la vire de la bicyclette qui sera notre bivouac. Rom installe une main courante, va chercher de la neige dans une fissure pour faire de l'eau, je suis inutile, j'ai besoin de dormir et me remettre de mes émotions. Je pourrais même m'endormir sans manger. Mais une fois encore l'énergie de Romain me fait tenir. On se prépare un petit repas bien mérité sous la pleine lune, plusieurs tisanes pour se réhydrater, avant de se glisser dans les duvets à minuit.


Réveil à 5h aux premières lueurs du jour. Un spectacle grandiose. Une fatigue toujours bien là, mais Romain est de nouveau d'attaque: on a une highline à installer!
Petit dej et il est parti: il grimpe au dessus de la vire pour atteindre un des deux ancrages, installe un côté de la highline et redescend, pendant que je fais fondre de la neige pour que l'on ait un peu d'eau.
"C'est tout bon, on va de l'autre côté, tu m'assures, j'installe et on est bons". Je le suis. Pour aller de l'autre côté ça me remet vite dans le bain: un beau pas où on passe au-dessus de 800 mètres de vide en se tenant à une bonne prise puis en s'accrochant à un bloc pour atteindre l'autre côté, ça réveille!


Il grimpe sans trop savoir si ça passe puis finalement redescend: "ça ne passe pas par là il faudrait qu'on fasse un rappel ensemble pour passer sur la droite et que tu m'assures de plus bas".
Sauf que de là où je dois l'assurer, c'est à l'ombre et il fait super froid! "Je vais chercher une veste et je reviens". Je suis totalement consciente de ma lenteur à cause de ma peur du vide alors je me concentre et donne tout pour être le plus efficace et rapide possible. Je dois repasser deux fois ce pas au dessus du vide. J'ai eu l'impression d'aller vite mais quand je reviens Rom me dit "Bon on va arrêter là, chaque geste pour toi ici prend beaucoup trop de temps et l'heure avance, on est même pas sûrs que ça passe à droite, il faut encore installer, slacker, désinstaller, re-grimper et faire le rappel pour gagner la brèche et commencer tout l'itinéraire de descente. Il est déjà 8h. Il faut savoir parfois renoncer". J'approuve de suite, bien consciente de mes possibilités et mon état d'épuisement total. Soulagée même.

On range le bivouac, la slack et on grimpe. Une longueur aura suffit à me rappeler l'état de fatigue dans lequel je suis, et il était temps de descendre.
Depuis la brèche, le glacier a l'air tout proche et les premiers rappels rassurants. Il n'en sera rien. Après trois petits rappels, on se retrouve sur un troisième plein gaz, qui passe sur un bloc coincé, ambiance!

On descend un couloir de neige bien raide mais qui à l'air en bonne conditions. En fait, je me retrouve parfois à faire partir 40cm de neige revenue sur de la glace vive. Tout de suite moins évident! J'essaie de tasser la neige à chaque pas mais ça avance moins vite que j'imaginais.

On rejoint le glacier et la neige est en meilleures conditions heureusement. On descend un premier couloir avant d'arriver dans la traversée exposée. La veille depuis le sommet on a entendu et vu bien trois éboulement de glace et rochers. Le glacier des Nantillons est connu pour ça, et vue la canicule actuelle ça n'arrange rien... Je n'ai que ça en tête et m'arrête pour qu'on se mette d'accord "Si on entend un bruit on court de quel côté?" "En avant" "Ok".

On suit la trace qui est bien marquée, on passe entre des crevasses et au-dessus de nous ce sont des immeubles de glaces qui nous dominent. Ma fatigue générale je l'ai oubliée, et j'avance à un rythme soutenu. Soudain j'entends un bruit sourd de craquement. Je me retourne et vois un bloc de glace gros comme une voiture qui tombe du glacier mais derrière nous. Je pense immédiatement que nous ne sommes pas dans son axe, mais quand il rebondit dans la neige, il roule et commence à se diriger vers nous: "Allez Rom on avance!". Rapidement il poursuit sa course mais n'est plus dans notre direction... Il passe sur nos traces, à 100 mètres de nous. Ca c'est joué à 1 minute... Mais nous sommes toujours exposés alors il faut vite avancer pour se mettre à l'abri . On arrive sur un rognon rocheux à l'abri des éboulements, d'où partent une série de rappels. "On a eu chaud, mais ce n'est pas fini".

                                    L'itinéraire de descente sous les yeux de la vierge de Grépon

Après six rappels, il faut de nouveau traverser sous une zone exposée. Et là, c'est environ un rocher qui tombe toutes les 5 minutes. Je choisis de ne pas traverser et d'aller droit dans le pierrier pour traverser plus bas. Rom suit les traces. A peine 2 minutes plus tard, de nouveau un gros bruit et c'est un rocher qui arrive droit en direction de Rom. Il se met à courir et le rocher passe à 20m de lui. Il ne faut vraiment pas traîner ici. Je vais droit sur le pierrier mais quand j'arrive dessus surprise: les rochers sont posés sur de la glace vive et à chaque pas je provoque un éboulement de rocher qui s'entraînent les uns aux autres; l'enfer: je dois remonter pour prendre cette traversée exposée, je cours, et rejoins Rom.
Encore une belle frayeur! Mais c'est fini, nous sommes sains et saufs sur le début d'un sentier de randonnée pédestre... La pression tombe.

On part en direction du Plan de l'Aiguille. Petite pause dans un ruisseau, on boit, mange un gâteau, met les pieds dans l'eau, et on savoure l'instant... Quelle belle aventure.

Rom rejoint la benne du Plan de l'Aiguille comme il a le forfait saison, et moi, je descends les 1000m de dénivelés à pieds jusqu'à Chamonix pour méditer, laisser la pression retomber doucement, récupérer et finir ce voyage en douceur.

Un projet un peu trop ambitieux que d'installer cette highline au sommet du Grépon, juste tous les deux avec des gros sacs, pour ma première expérience de montagne. On apprendra ensuite que la grimpe du deuxième ancrage que nous n'avions pas installé, est bien difficile en arrivant par l'itinéraire de la Mer de Glace. Les ouvreurs et répétiteurs de cette ligne avaient en effet accédé par l'autre côté (Chamonix).
Aucun regret dans tous les cas, juste l'envie de travailler sur moi, sur ma peur du vide, de retourner en montagne, d'apprendre encore, et d'aller un jour installer cette ligne, ou d'autres ;)

Tentative de la traversée Miages-Bionnassay-Mont-Blanc

Bien motivés par la traversée des arrêtes du Pourri on reprend les mêmes cordées et on est chauds pour cette belle et longue course.



Partis pour trois jours, en altitude, avec pas mal de dénivelé, on prévoit de dormir aux refuges des Conscrit le premier jour et de Durier le 2ème, même si c'est un budget, pour une fois on privilégie le poids des sacs...



Rdv aux Contamines, notre ami guide Baroon's souffre d'une rage de dent et ne pourra nous suivre.
On part à trois dans l'après-midi pour la première étape de marche jusqu'au refuge des Conscrits.



Une ballade interminable dont j'ai souvenir et qui est toujours bien longue, même avec des sacs plus légers. Le temps n'est pas au beau fixe et on a pas l'occasion d'apprécier le paysage cette fois-ci.
Environ 4-5 heures de marche avant d'arriver et Romain est tristement surpris: le refuge ressemble plus à un hôtel, la capacité est énorme, il est tout moderne, sans charme... La montagne moderne.
Même s'il est loin d'être rempli, on est pas fans d'^tre avec trop de monde, ça casse un peu l'ambiance de partir à l'aventure, mais c'est un peu normal au pied d'un itinéraire classique et accessible.



Départ à 4h30 pour monter à l'aiguille de la Bérangère sous les lueurs magnifiques du lever du jour...
Le paysage est à couper le souffle tout le long des la traversée des dômes de Miage.




C'est de la marche sans difficulté technique, mais sans encordement il faut rester bien vigilant car à certains endroits, il ne faut pas dévisser.




On crapahute sur le dernier ressaut, tire un rappel avant de rejoindre le refuge Durier à 10h30.
On était trois cordées sur l'itinéraire, progressant globalement au même rythme alors c'est bien sympa d'arriver ensemble dans ce refuge perché et isolé.



Manon la gardienne nous accueille, on étend nos affaires au soleil, petit casse-croûte et on passe dans le brouillard...

Le refuge Durier est mythique et sa gardienne tout autant: perché au pied de l'aiguille de Bionassay, ne désservant qu'une course et donc peu fréquenté, à 6h d'approche de la civilisation...



L'attente jusqu'au repas du soir sera dans la bonne humeur dans ce petit refuge convivial, entre partie de coinche et sieste. Un repas excellent et la mauvais enouvelle tombe avant le dessert: Manon appelle le centre météo qui annonce du vent et des précipitations dans la nuit... Aïe...

On se couche pleins de questionnements et le réveil est quand même prévu à 2h. Un premier sort, et revient dubitatif. Je vais aux toilettes sous la neige qui tombe à l'horizontal et j'ai peine à respirer... Ça pue un peu... Hugues sort et n'y croit pas, les autres cordées non plus... Rom sort et revient toujours motivé: mais non ça fait! Mmmmmm La trace bien faite la veille n'est plus visible, avec la frontale dans ces conditions on ne voit pas grand chose, c'est la tempête. Et si c'est comme ça une heure ça passe, mais si c'est tout du long c'est pas la peine: sur l'arrête effilée avec ce vent ce serait dangereux, on ne verra rien du paysage, et marcher 12h dans la tempête ce n'est plus vraiment du plaisir. Contre l'avis de Rom qui est déçu mais à l'unanimité on se rendort une heure et on avise.



A 3h les conditions sont identiques, à 4 puis 5h aussi... C'est la loose. Mais c'est la montagne, les conditions changent vite et il faut savoir renoncer...

On attend que le temps se lève pour attaquer la descente mais il n'en sera rien. On part dans le brouillard givrant qui nous trempe en 5 minutes.



Le départ de la descente est impressionnant: à 30m du refuge, Hugues commence à descendre dans la pente, dans du terrain bien pourri, de la neige humide posé sur des cailloux instables: le top! Et c'est bien raide avec chute interdite pendant un bon moment. Après les 30 premiers mètres encordés, on poursuit cette longue descente chacun à son rythme, toujours sous un ciel bien gris agrémenté de gouttes de pluie. On prend pied et traverse le glacier en bas de la pente, puis continuons un chemin bien long jusqu'au fond de vallée. En bas, il fait grand soleil, mais les sommets restent bien bouchées... Ce n'était pas pour cette fois :)

Une belle première journée et de chouettes rencontres, pour un séjour en montagne toujours magique et pleins d'imprévus !